Google utilise ses outils d'IA pour décrypter le langage des dauphins
À l'occasion de la journée mondiale du dauphin, le 14 avril, Google a présenté les avancées de son grand modèle de langage dénommé DolphinGemma. Développé en collaboration avec des chercheurs de l'Institut de technologie de Géorgie et l'ONG Wild Dolphin Project, ce programme d'IA a été entraîné pour comprendre « la structure des vocalisations des dauphins », ces mammifères marins que les chercheurs considèrent comme particulièrement intelligents. Avant de rejoindre les milieux aquatiques, l'ancêtre des dauphins vivait sur la terre ferme, il y a plus de 50 millions d'années. À cette époque, il ressemblait à une petite antilope omnivore de la taille d'un raton laveur, selon la littérature scientifique. La fréquentation des dinosaures carnassiers a certainement convaincu notre mammifère terrestre d'apprendre à nager pour échapper à leur appétit féroce.Des dizaines de millions d'années plus tard, il a perdu ses petites « papattes » qui se sont atrophiées au profit de nageoires plus pratiques pour aller barboter dans les océans. Son corps fuselé, sa peau lisse et autant de caractéristiques physiques qualifiées d'« hydrodynamiques » lui permettent, à l'occasion, de pulvériser tous les records olympiques de natation, notamment quand il se déguise en Léon Marchand.Mais ces mammifères marins hautement intelligents, sociaux et même dotés d'un sens certain de l'humour, sont capables de dialoguer entre eux dans une langue qui est d'une très haute complexité, constatent les chercheurs.Une IA pour craquer le code de leur langageLes scientifiques peinent à décrypter le langage des dauphins qui est composé d'une série de clics, de sifflements et de pulsations dans l'eau. Depuis une quarantaine d'années, le groupe de recherche de l'ONG Wild Dolphin Project s'efforce de comprendre les vocalisations des dauphins tachetés de l'Atlantique. Les chercheurs ont identifié, par exemple, des « sifflements signatures » que les dauphins utilisent pour s'appeler individuellement, ou encore des sons caractéristiques qu'ils diffusent en cas de danger.Mais les scientifiques sont toujours incapables de reconnaître les mots ou la grammaire sous-jacente qui structure leur langage. C'est la raison pour laquelle les laboratoires de recherche de Google ont mis à la disposition des scientifiques un modèle d'intelligence artificielle dénommé DolphinGemma. « Mais de quoi discutent-ils entre eux ? », s'interroge Denise Herzing, la fondatrice et directrice de recherche du Wild Dolphin Project dans une série de vidéos consacrée au sujet, sur le blog officiel de Google :« Les dauphins peuvent se reconnaître dans des miroirs. Ils utilisent aussi des outils, donc ils sont intelligents. Mais on ignore s'ils utilisent des mots dans leur langage. C'est la dernière frontière pour les comprendre. Et alimenter un modèle d'intelligence artificielle (IA) comme DolphinGemma, avec les sons qu'émettent les dauphins, nous donnera un très bon aperçu des schémas et des subtilités de leur langue que les humains, aujourd'hui, ne peuvent pas discerner. L'objectif ultime de cette IA est de permettre aux humains, un jour peut-être, de dialoguer directement avec les dauphins, quand le programme aura réussi à craquer le code de leur langage. »Un ordinateur sous-marin pour engager la conversationLes chercheurs ont mis au point un ordinateur sous-marin conçu pour créer un vocabulaire commun avec les dauphins. L'appareil dénommé Chat, qui est en fait un sigle signifiant en français « télémétrie d'augmentation de l'audition des cétacés », génère des sifflements synthétiques pour diffuser, auprès des dauphins, des informations qu'ils apprécieraient. Par exemple, « viens manger des poissons, j'ai repéré des poulpes ou des sargasses », ces champs d'algues brunes qui hébergent des mollusques, dont ils raffolent.Évidemment, ce langage est rudimentaire et il n'est pas encore question de disserter de philosophie avec des dauphins. Ni, par ailleurs, de recueillir leurs conseils avisés pour remédier à l'état pitoyable des océans que ces ignares d'humains, qui ne comprennent rien au langage des cétacés, ont eux-mêmes provoqué. Et ce n'est pas faute de nous avoir prévenus ! Comme le rappelle le titre du générique du film H2G2, Le Guide du Voyageur Galactique, interprété par des dauphins qui ont décidé de quitter cette planète bleue empoisonnée par nos plastiques, en chantonnant : « Salut et merci bien pour le poisson. »